En complément de la grande rétrospective ≪ Dali ≫ qui connait actuellement un énorme succès au Centre Pompidou, je vous propose de vous rendre à l’Espace Dali. Unique en son genre, celui-ci présente en France la plus grande collection de sculptures de cet artiste espagnol (1904-1989) mondialement connu, à la personnalité multiple, à la fois excentrique, égocentrique, mystique, et ambigüe. L’Espace Dali se trouve à Montmartre depuis 1991, dans un lieu insolite, à la place d’un ancien musée de Cire.

Facilement accessible par des escaliers plutôt raides ou par le funiculaire qui mène directement à la terrasse de la Basilique du Sacré-Cœur (1876-1914), le village de Montmartre est dominé par ce monument emblématique d’une blancheur éclatante que l’on aperçoit Paris.

Ce village est célèbre car au début du XXe siècle, un bon nombre d’artistes y ont leurs ateliers dont le fameux ≪ Bateau Lavoir ≫ (1907) d’où naîtra le mouvement cubiste. Aujourd’hui encore, Montmartre a gardé son caractère pittoresque avec ses petites rues, ses cafés, ses cabarets et ses arpents de vignes. La place du Tertre bordée de petites maisons, reste le lieu privilégié des peintres et des portraitistes. Elle a conservé tout son charme surtout le matin avant qu’elle ne soit envahie par de nombreux touristes. Traversez la place pour admirer la somptueuse vue sur Paris et pour rejoindre la rue Poulbot qui mène directement à l’Espace Dali.

Salvador Dalí, né à Figueras en Espagne, neuf mois après la disparition de son frère dont il portait le prénom, va tout faire pour effacer l’image de ce frère par de la provocation Systématique. La mort de ce dernier aura, en effet, une influence déterminante sur son existence. Dès l’âge de seize ans, il manifeste un goût certain pour la peinture. En 1922, il s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts de Madrid, d’où il sera exclu à cause de son esprit rebelle. Il y rencontre et se lie d’amitié au cinéaste Luis Bunuel et à l’écrivain Federico Garcia Lorca.

En 1929, Il s’installe à Paris, après un premier séjour au cours duquel il rend visite à Picasso. Il fréquente alors les surréalistes (Breton, Magritte, Ernst et Eluard) et adhère un temps à leurs théories : ces derniers revendiquent un mode d’expression spontanée, sans aucune censure, par l’écriture automatique. La même année au cours de l’été, Eluard et sa femme Gala (1894-1982) se rendent à Cadaquès (Espagne), lieu de résidence de Dali. Celui-ci tombe, alors, fou amoureux de Gala qui deviendra sa compagne et sa muse, et qu’il épousera en 1934. Celle-ci sera omniprésente dans son œuvre. Puis, s’intéressant à tous les arts, il réalise avec Luis Bunuel le film l’Âge d’or, dont la violence et l’érotisme font scandale. Cependant, bien qu’exclu du groupe surréaliste à la suite de divergences, il participe en 1938 à l’Exposition internationale du surréalisme organisée à Paris par Breton et Eluard.

Pendant la guerre, il s’installe avec Gala à New-York. Période faste où Dali réalise de nombreux chefs-d’œuvre, fait des expositions dont une au musée d’Art moderne (MoMA). Par ses extravagances, ses élucubrations et ses pitreries, il amuse l’Amérique et devient célèbre. Touche-à-tout de génie, il crée des objets surréalistes, des bijoux, des décors de ballets et des décors de cinéma. En 1942, il publie la Vie secrète de Salvador Dali. Les rêves sont la seule expression véritable et significative de sa personnalité. Ils sont plus vrais que la réalité elle-même.