ジャン=ジャック・エンネル国立美術館

Quand on pénètre au rez-de-chaussée du musée tout à la fois ancienne demeure-atelier et lieu de réception de Guillaume Dubufe, on y retrouve le goût éclectique de ce dernier également décorateur d’intérieur. Tout d’abord dans la salle à manger, la remarquable cheminée de style ≪chinois≫ est entourée de carreaux anciens bleu et blanc en faïence de Delft. Au-dessus est accroché un portrait de Jean-Jacques Henner par Carolus-Duran (1838-1917). Avec les plans du quartier de la Plaine Monceau ici exposés, on découvre avec grand intérêt l’emplacement des différents hôtels particuliers et ateliers de tous ces artistes (peintres, sculpteurs, écrivains…) qui y résidaient. Ces derniers se rencontraient donc très naturellement notamment au cours des nombreuses réceptions organisées dans les salons de ces hôtels.

En montant quelques marches, entrée, on accède au salon aux colonnes et au jardin d’hiver qui restaurés ont retrouvé aujourd’hui leur fonction initiale de lieu de festivités avec des spectacles, concerts et expositions… Dans le salon aux colonnes, remarquez le plafond néo-Renaissance inspiré du cabinet de la Reine du château de Blois avec entrelacés les D pour Dubufe et les C pour Cécile. Quelques œuvres caractéristiques de la peinture de Henner y sont présentées telles que des paysages d’Alsace et des femmes à la chevelure rousse : Byblis après 1867 et Naïade, 1875, entourent le buste de l’artiste par Paul Dubois (1829-1905). De petits meubles dont certains avec incrustation de nacre sont typiques du style ≪Napoléon III≫. Quatre colonnes en stuc séparent ce salon du remarquable jardin d’hiver abrité par une nouvelle verrière. A l’époque de Dubufe, le décor de ce jardin était extrêmement chargé avec de nombreuses œuvres d’art et une végétation exotique luxuriante. Actuellement, les murs sont recouverts de papier à motifs floraux et le sol a récupéré sa mosaïque à motifs de fleurs et de grecques de 1878. Au fond du jardin, le petit salon sert à nouveau de scène de théâtre ou de salle de concert avec son piano. Au-dessus de la cheminée, admirez un portrait de la Comtesse Kessler, vers 1886, à l’éclatante chevelure rousse. A la droite de l’estrade, un petit escalier mène à un atelier qui héberge un jeune artiste dans le cadre d’un partenariat avec l’école des Beaux-Arts.

Puis, on prend l’escalier en bois qui mène au patio du second étage ouvert sur différentes salles. Un Autoportrait de Henner, vers 1877, montre l’artiste fier de son succès et arborant la légion d’honneur à la boutonnière. Au fond à gauche, la salle Alsace présente des œuvres de jeunesse dont de charmants portraits de famille dans des scènes réalistes de la vie quotidienne comme par exemple son neveu, Paul Henner, vers 1866, en élève studieux et appliqué et comme sa nièce, Eugénie Henner en Alsacienne tenant un panier de pommes, 1869, coiffée d’un nœud alsacien de couleur bleue nuit.

Ce qui frappe en entrant dans la salle Italie, c’est le nombre de lumineuses peintures de petit format à la palette claire, ce que l’artiste ne fera jamais plus après. Au-dessus de la cheminée est exposée une grande esquisse d’Adam et Eve trouvant le corps d’Abel, 1858, œuvre grâce à laquelle il obtiendra le Prix de Rome. Remarquez à gauche de la cheminée quelques copies de maitres italiens comme La Résurrection de Lazare, 1860, d’après Giotto (1266 ou 1267-1337). Un autre grand format, Rome, terrasse de la villa Médicis, 1860, montre une vue de la ville éternelle avec l’église Saint Pierre dans le lointain et en premier plan, des personnages typiques et reconnaissables à leur costume (ecclésiastiques, élégantes, paysans..). Au-dessus du bureau de pente se trouve un beau Portrait de jeune italienne, entre 1859 et 1860, très gracieuse dans son costume traditionnel. Beaucoup de ces petits tableaux qu’il a exécutés sans doute sur le motif révèlent la beauté et la luminosité qui caractérisent les paysages italiens tel que Paysage d’Italie, coucher de soleil, entre 1859 et 1860.