Originaire du département de la Charente-Maritime, situé au sud-ouest de la France en bordure de l'océan Atlantique, ma belle famille y possédait depuis le XVIIIe siècle, une agréable propriété près de Rochefort, ville dans laquelle se trouve la Maison de Pierre Loti. Cette petite ville, située à l'embouchure  de la Charente et en aval de la ville de Cognac connue mondialement pour sa liqueur, eut son heure de gloire à partir du XVIIe siècle. Elle fut créée par Colbert (1619-1683), ministre de Louis XIV (1638-1715) qui en fit un port militaire avec un arsenal de guerre très important.

De là, partaient les vaisseaux de la Marine Royale à la conquête de destinations lointaines. La Fayette (1757-1834), général français, y embarqua, en 1780, avec ses hommes pour les Etats-Unis afin de combattre les Anglais. De cet arsenal, il reste, à l'heure actuelle, un bâtiment (1666) exceptionnel par sa taille de 374 mètres de long et par sa beauté classique appelé la Corderie Royale dans laquelle étaient manufacturés les cordages de chanvre pour les grands voiliers de la Marine Royale. C'est aujourd'hui le Centre International de la Marine que nous vous conseillons vivement de visiter.

A l'occasion d'un retour au berceau familial, nous nous sommes rendus, mon mari et moi-même, à Rochefort pour revisiter la Maison de Pierre Loti (1850-1923), célèbre écrivain voyageur français. Sa demeure pourrait passer inaperçue tellement elle est semblable aux autres maisons, petites et de couleur blanche. L'extérieur de la maison ne révèle donc en rien l'originalité et l'extravagance de son intérieur. En visitant cette maison que l'écrivain a peu à peu transformée en faisant cohabiter des cultures et des époques différentes, nous voyageons avec lui et retrouvons son goût pour l'exotisme avec les très nombreux souvenirs rapportés de ses expéditions. Mais ce lieu est tout d'abord la demeure familiale dans laquelle il est né et qui restera son point d'ancrage tout au long de sa vie.

Issu d'une famille bourgeoise protestante, Julien Viaud, de son vrai nom, reçoit une éducation très stricte. A l'âge de 15 ans, il est frappé par un double malheur: la mort, en mer, de son frère aîné tant admiré et le décès de sa meilleure amie Lucette Duplais chez laquelle il jouait enfant dans la propriété de famille, la Limoise (où mon mari, dont la famille était également très liée à la famille Duplais, se rendait fréquemment).

Pour subvenir aux besoins matériels de sa famille, il devient officier de marine. À partir de 1870, il voyage dans les contrées les plus lointaines qui serviront plus tard de cadre à ses romans. C'est à Tahiti, en 1871, qu'il prend le surnom de Loti (nom d'une fleur tropical) qui deviendra son pseudonyme d'écrivain à partir de 1881. En 1877, son séjour en Turquie est marqué par la rencontre d'une magnifique jeune femme aux yeux verts, dont il tombe passionnément amoureux, histoire qu'il relate dans Aziyadé (1879), roman qui le rend célèbre.

Plus tard, avec Madame Chrysanthème (1897), il évoque Nagazaki, ville qu'il apprécie pour ses maisons de thé et ses théâtres. Dans ce livre, il raconte sa rencontre et son mariage éphémère avec une jeune japonaise de 18 ans du nom d'Okané-San. C'est pour lui l'occasion de démontrer son attachement à la culture raffinée et aux traditions religieuses du Japon. Ce roman eut un tel retentissement que Puccini (1858-1924) s'en inspira pour son opéra mondialement connu, Madame Butterfly (1904).

Riche et célèbre, Loti est élu à 42 ans à l'Académie Française. Il meurt en 1923 et après des funérailles nationales, il est enterré à l'île d'Oléron toute proche de Rochefort.