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Chers Amis
A nouveau de passage à Bordeaux, pour la période des vendanges, dans cette ville du sud-ouest de la France dont nous avons déjà décrit la beauté et l'attrait dans la lettre d'avril 2006, nous en avons profité pour visiter le musée des Arts décoratifs, situé rue Bouffard dans le quartier des antiquaires.
▲Façade Hôtel de Lalande
Musée des Arts décoratifs, Bordeaux
©DEC, Photo L.Gauthier
▲Rue Bouffard
©A.de Montalembert

Au XVIIIe siècle, Bordeaux tire sa richesse du commerce du vin. C'est alors le port le plus important de France. Les aristocrates et les bourgeois s'enrichissent. Ainsi Pierre Raymond de Lalande, avocat au parlement de Bordeaux, et qui tire sa fortune des plantations de cannes à sucre et de café, fit construire le très élégant hôtel de Lalande.
La construction de cet hôtel par l'architecte bordelais Etienne Laclotte (1728-1812) dans le style classique du XVIIIe siècle, date de 1779. Le bâtiment d'une grande sobriété est en pierre blanche, situé entre "cour et jardin" au fond d'une cour pavée, en forme de demi-lune, facilitant ainsi la manœuvre des carrosses. Les bâtiments sur la gauche étaient les écuries et les remises à carrosses. A l'heure actuelle, ils font partie du musée. Ce bel ensemble classique a gardé son caractère d'origine, reflétant une réelle harmonie.
         
Confisqué sous la Révolution, l'hôtel passe de mains en mains au cours du XIXe siècle, pour finalement être racheté en 1880 par la ville de Bordeaux. Après avoir été affecté à l'administration de la police, il deviendra musée en 1925, puis musée des Arts décoratifs en 1984.
Sur trois niveaux, le musée présente des objets et des œuvres qui évoquent l'histoire et le cadre de vie des riches bordelais aux XVIIIe et XIXe siècles.

Le rez-de-chaussée a conservé les boiseries d'origine, les parquets à compartiments de chêne et d'acajou et les cheminées d'époque Louis XV et Louis XVI. Du vestibule part un majestueux escalier de pierre dont la rampe est un chef d'œuvre de la ferronnerie bordelaise du XVIIIe siècle.
▲Vue de la cour du musée
©A.de Montalembert
L'histoire et l'activité portuaire de Bordeaux sont évoquées dans les antichambres par des panoramas du port et par des sculptures importantes comme :
un buste en marbre de Montesquieu (1689-1755), célèbre écrivain qui vécut dans le bordelais au château de la Brède et dont les écrits sont à l'origine des doctrines constitutionnelles libérales reposant sur la séparation des pouvoirs judiciaire, exécutif et législatif.
une statue en bronze de Louis XV (1710-1774) roi de France, par Jean-Baptiste Lemoyne (1704-1778), modèle réduit de la grande statue qui occupait la place royale de Bordeaux. Après avoir été déboulonnée en 1792, cette statue fut mise en pièces et transformée en canons.
Se succèdent ensuite en enfilade des salons donnant sur le jardin, ce qui est typique de l'organisation des pièces au XVIIIe siècle.
▲Salle à manger
Musée des Arts décoratifs, Bordeaux
© DEC, Photo L.Gauthier
Dans la salle à manger donnant sur la cour d'honneur, sont présentées les collections bordelaises d'orfèvrerie et de faïence stannifère (contenant de l'étain). La production de faïences bordelaises, bien que de courte durée (de 1787 à 1790) fut d'une qualité parfaite, peu épaisse et robuste, avec une nette prédilection pour le thème décoratif de bouquets champêtres accompagnés de bordures stylisées. La table y est dressée, comme au XVIIIe siècle, en attente de convives, avec un service «à la roche manganèse» en faïence stannifère. La magnifique armoire en acajou, bois exotique en provenance du Brésil et de Cuba, d'époque Louis XV est typique du mobilier portuaire bordelais: elle est un présentoir de faïences dans les deux tiers supérieurs avec ses portes ouvertes, et un meuble de rangement dans le tiers inférieur avec ses portes fermées.
         
Le salon suivant, appelé salon Cruse-Guestier du nom de son légataire, a pu être reconstitué tel qu'il était dans son hôtel particulier, au début du XXe siècle. Il reflète le goût d'un négociant bordelais pour le XVIIIe avec ses meubles, ses porcelaines chinoises d'exportation (potiches, plaques de porcelaine...). La présence de bronzes animaliers d'Antoine-Louis Barye (1795-1875) est dûe à sa passion pour la chasse à courre.
     
Le premier étage a été réaménagé avec des boiseries provenant de différents hôtels particuliers bordelais et ainsi se succèdent des salons de style différent dans une grande harmonie. L'on trouve dans ces salons de la faïence française du XVIIIe siècle (Rouen, Marseille, Nevers, Moustiers..) de la faïence de Delft (faïence hollandaise du XVIIe siècle en camaïeu bleu) et une remarquable collection de verres, comme par exemple dans le salon Jonquille, appelé ainsi à cause de la couleur jaune de la fleur. Le mobilier de ce salon est assorti aux boiseries d'époque Louis XVI, d'origine parisienne, de grande qualité et souvent estampillé. Le salon fut transformé en chambre, s'enrichissant d'un lit à la polonaise (avec une tenture dressée au dessus du lit, ici en soie de couleur jaune et bleue), estampillé L.M. Pluvinet, reçu maître à Paris en 1775.
▲Salon jonquille, 1er étage
Musée des Arts décoratifs, Bordeaux
© DEC, Photo L.Gauthier
         
▲Salon vert, 1er étage
Musée des Arts décoratifs, Bordeaux
© DEC, Photo L.Gauthier
Quant au superbe salon vert, il est composé d'admirables boiseries de style rocaille (1736), de couleur verte avec des rehauts d'or d'origine au-dessus des portes.
Le mobilier, de la même époque que les boiseries, comprend notamment un scriban d'époque Régence, en acajou blond, meuble portuaire fonctionnel, fréquent dans les intérieurs bordelais, composé d'une commode surmontée d'un secrétaire en pente et d'une bibliothèque.
Le cartel datant de 1746 au-dessus du canapé, est remarquable par sa marqueterie de laiton pavé avec un décor de bronzes ciselés représentant des femmes.
Le charmant instrument de musique est une épinette peinte de style Louis XVI. Son décor à l'intérieur comme à l'extérieur de la caisse est d'esprit révolutionnaire (bonnet phrygien, rubans tricolores...).
         

Au second étage dans les combles se trouvait le logement des gens de maison. Actuellement les salles présentent du mobilier de la Renaissance au XVIIe siècle, des armes, des étains et surtout de la ferronnerie car le décor en fer forgé était un signe de richesse. Les serrures sont des chefs d'œuvre avec des agencements très ingénieux, des miracles de précision qui font notre admiration.
Les arts décoratifs des XXe et XXIe siècles sont présents avec un ensemble de céramiques de l'époque Art déco de René Buthaud et une collection de design.

▲Epinette
©A.de Montalembert
         
En revenant au rez-de-chaussée dans les communs, quatre petits salons ont été réaménagés pour exposer la collection du XIXe siècle du bordelais Raymond Jeanvrot qui s'est passionné pour tout ce qui concernait les derniers rois de France (Louis XVI - Louis XVIII - Charles X) et de leur dernier héritier le Comte de Chambord.

La présentation du musée des Arts décoratifs donne l'illusion au visiteur d'être invité chez un représentant de la noblesse bordelaise du XVIIIe siècle. Elle est un témoignage du raffinement et du confort de cette époque. Cependant à travers les collections du musée nous découvrons également les Arts décoratifs du XVIIe au XXe siècle à Bordeaux, mais également en France et en Europe.

Dans le cadre de l'ouverture du musée sur la création contemporaine, celui-ci consacre une exposition très intéressante à l'œuvre de Sylvain Dubuisson, architecte-designer bordelais contemporain, à l'occasion de son soixantième anniversaire. C'est l'un des créateurs les plus singuliers de la génération des années 80.
Il y a plusieurs facettes à son travail: il crée des objets en cherchant à insuffler une âme à chacun d'eux, comme par exemple avec l'inconscient, lit en aluminium avec une toile de parachute en forme de voile qui invite à la rêverie, et réalise des aménagements d'espaces publics, comme par exemple au Panthéon, à Notre-Dame de Paris et, plus récemment au musée des Arts décoratifs de Paris. Sylvain Dubuisson travaille pour des sociétés telles que Cartier, Decaux, Hermès... et pour le ministère de la culture. En 1991 il créa ainsi le mobilier du bureau du Ministre de la Culture Jack Lang.

Cette exposition présente un grand intérêt car l'on peut y percevoir le travail de recherche de cet artiste sur le plan conceptuel et technique.

A la fin de votre visite, nous vous conseillons de profiter des quelques tables installées dans la cour de l'hôtel par le charmant restaurant-salon de thé et ainsi d'en admirer sa belle façade en pierre!

Recevez mes amitiés les plus sincères.
     

▲Vue de la cour du musée
©A.de Montalembert
▲Chambre à coucher
©A.de Montalembert
▲Porcelaines
©A.de Montalembert

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Musee Info Plus d' infos
Adresse
 
39 rue Bouffard
33000 Bordeaux
Tel
 
33 (0)5 56 10 14 00
Fax
 
33(0)5 56 10 14 01
URL
 
www.mairie-bordeaux.fr
Accès
 
Autobus : 7/8
Parking : Pey Berland, Mériadeck
Horaires
 
de 14 h à 18 h (Sauf les mardis et jours fériés)
Les expositions temporaires sont ouvertes les mêmes jours de 11 h à 18 h
(Les samedis et dimanches de 14 h à 18 h)
Tarifs
 
Collections permanentes et expositions/dossiers : Gratuites
Expositions temporaires : Plein tarif :5 euros
Réduit : 2,50 euros
Boutique
 
Placée sous l'égide des Amis de l'Hôtel de Lalande, elle propose des œuvres d'artistes régionaux, divers objets édités par la Réunion des Musées Nationaux et des ouvrages liés aux collections du Musée
Restaurant-salon de thé
 
Ouvert tous les jours de 11 h 30 à 18h
sauf mardi après-midi
dimanche et nocturne sur réservation
Tél. : 05 56 52 60 49
Plus d' infos
Au centre d'information, vous pourrez consulter le catalogue du musée des Arts décoratifs de Bordeaux en français et en anglais, et recevoir de la documentation (en français).
 
  A propos de l' auteur...

Fille d'un amateur d'art et grand collectionneur, Anne de Montalembert a, dès sa jeunesse, été très sensibilisée par le monde de l'art. Avec son mari, le Comte Bruno de Montalembert, elle a continué cette tradition et culture familiales en s'intéressant au monde de l'art et de son marché par de très nombreux voyages et séjours à l'etranger, notamment en Europe. Elle est diplomée de l'Institut d' Etudes Supérieures des Arts (IESA).
 
 
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