Grand ami de Théodore Rousseau et considéré comme le chef de file de l'École de Barbizon, Jean-François Millet quitte Paris lui aussi, en 1853, pour Barbizon avec sa compagne et leurs enfants. Sans beaucoup de moyens, il achète une modeste maison avec une dépendance dont il agrandira les ouvertures pour en faire son atelier. Il y peint des paysans comme dans L'Angélus (1853) et comme dans Les Glaneuses (1857) et se fait le représentant du réalisme par une fine observation de la vie rurale. Millet peint en atelier des scènes qu'il recompose à partir de souvenirs. Très perfectionniste et souffrant de rhumatismes, il travaille sans relâche dans l'atmosphère humide de cet atelier. Jusqu'à la fin de sa vie, il mènera une vie modeste et rigoureuse, tout en réussissant à élever ses neuf enfants.

Aujourd'hui, les murs extérieurs de sa maison n'ont pas changé. Par contre, l'intérieur a été modifié et n'évoque que succinctement le décor du peintre. Cependant l'ancien atelier où sont exposées les eaux fortes de l'Angélus et des Glaneuses est resté en l'état et a conservé son charme authentique. Il est intéressant de voir, de chaque côté de la porte d'entrée, des photos de portraits d'artistes de l'époque. La salle à manger présente de nombreux dessins et des œuvres gravées par l'artiste. La cuisine a été la salle commune de la famille Millet et accueille des expositions de peintres contemporains sur le thème du paysage.

La fin de l'École de Barbizon se situe vers 1875, à la mort de tous ces grands maîtres qui ont ouvert la voie aux impressionnistes en révolutionnant l'art du paysage. Cette révolution a porté principalement sur l'étude de la nature et des variations de lumière par tous temps et toutes saisons, aux différentes heures de la journée.

De nos jours, le village de Barbizon a su garder son caractère rural. Quant à la forêt de Fontainebleau, elle attire de nombreux touristes d'autant plus que l'on y retrouve encore les lieux authentiques de la création picturale. Il est à noter que c'est grâce à tous ces peintres respectueux de la forêt que la première mesure mondiale de la protection de la nature a été prise en 1861, avec la création de réserves artistiques devenues ensuite réserves biologiques.