Au centre de Paris place de la Concorde, l’emblématique Hôtel de la Marine vient de rouvrir ses portes au public avec succès. Confié au Centre des monuments nationaux et admirablement restauré, il a retrouvé tout son lustre d’antan grâce au savoir-faire des artisans français. Chaque fois que cela a été possible, la restauration des décors d’origine a été privilégiée. La visite de l’Hôtel de la Marine avec ses décors absolument somptueux fait maintenant partie des monuments incontournables de la capitale. Elle permet au visiteur de plonger dans l’atmosphère luxueuse du XVIIIe siècle, d’appréhender le faste de ses palais et en plus d’avoir une vue exceptionnelle sur la place de la Concorde. Garde-Meuble royal jusqu’à la Révolution, l’Hôtel de la Marine est alors occupé partiellement par le Secrétariat d’Etat à la Marine puis totalement à partir de 1806 et cela pendant deux-cent-vingt-six ans (1789-2015).
Témoignage du grand goût des Lumières, l’Hôtel de la Marine a été conçu par l’architecte du roi, Ange-Jacques Gabriel (1698-1782), tout comme l’Hôtel Crillon de l’autre côté de la rue Royale, dans le but de magnifier la grande place souhaitée par Louis XV (1710-1774). En effet, celle-ci devait accueillir une statue équestre le représentant commandée à Edme Bouchardon (1698-1762). En 1765, le roi décide d’installer dans ce bâtiment le Garde-Meuble de la Couronne, administration qui participe au prestige de l’administration de la Monarchie. Le rôle de cette institution créée par Colbert (1619-1683), ministre de Louis XIV (1638-1715), est de s’occuper de l’ameublement des résidences royales, de l’entretien du mobilier réalisé par des ébénistes de renom, des objets décoratifs et de leur restauration. On y conserve les pièces exceptionnelles, les objets d’art, les tapisseries, les armes et même les joyaux de la Couronne. En 1770, les festivités du mariage du futur Louis XVI (1754-1793) et de Marie-Antoinette (1755-1793 y sont organisées. Le Garde-Meuble est dirigé par un intendant nommé par le roi. Pierre Elisabeth de Fontanieu (1730-1784) est le premier à ce poste prestigieux. Celui-ci se fait aménager des appartements somptueusement meublés grâce aux collections royales. En 1776, il obtient le droit de les présenter au public tous les mardis, de Pâques à la Toussaint. En 1784, lui succède Marc-Antoine Thierry de Ville-d’Avray (1732-1792) qui reçoit le titre de baron. Celui-ci mène une vie fastueuse qui lui sera vivement reprochée à tel point qu’il sera assassiné pendant la Révolution.
En 1789, Louis XVI quitte Versailles pour s’installer aux Tuileries. Le secrétariat d’Etat à La Marine le suit et investit une partie du bâtiment. Pendant cette période agitée, les armes des collections royales sont volées, puis en 1792 c’est au tour des bijoux de la Couronne. La statue de Louis XV est fondue. Sur la place de la République anciennement place Louis XV, sont guillotinés, en 1793, Louis XVI et Marie-Antoinette. Cette place devient place de la Concorde en 1795. En 1798, l’institution tombe en faillite. En 1806, la Marine occupe entièrement le bâtiment et l’agrandit en le surélevant. Sous l’Empire, l’hôtel retrouve son lustre grâce aux bals dont celui donné en 1804 en l’honneur du sacre de l’Empereur Napoléon Bonaparte (1769-1821). En 1836, le roi Louis-Philippe (1773-1893) assiste depuis la loggia à l’élévation de l’obélisque de Louxor sur la place de la Concorde. En 1848, Victor Schœlcher (1804-1893) signe l’abolition de l’esclavage dans le salon diplomatique. En 1861, L'Hôtel est classé au titre des Monuments historiques. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Il est occupé par les allemands puis rendu à la Marine à la fin de la guerre. En 1989, les chefs d’Etat et de gouvernements assistent aux célébrations du bicentenaire de la Révolution depuis la loggia.