Ce fut donc pour moi l'occasion de me rendre chez des amis qui ont la jolie propriété de « La Fardouillère» tout près de Honfleur, charmant petit port de pêche très touristique situé sur l'estuaire de la Seine et enserré entre deux collines verdoyantes. Sa situation exceptionnelle en a fait un lieu de prédilection pour les artistes au XIX^e siècle qui ont puisé leur inspiration dans les ciels capricieux, la beauté des paysages et dans la vie pittoresque de la côte normande. Cette ville, au charme authentique, a su préserver presque tous les lieux représentés par les peintres. La richesse de son patrimoine attire encore aujourd'hui de nombreux artistes dont un grand nombre de vos compatriotes.

Vieille de plus de mille ans, Honfleur a conservé de nombreux bâtiments témoins de son histoire tels que:

- La Lieutenance, ancienne porte de la ville, bâtiment fortifié avec ses tours d'angle (XVI^e siècle)
- Les greniers à sel (construits en 1671) qui pouvaient en contenir jusqu'à 10 000 tonnes.

L'endroit le plus connu de Honfleur est le Vieux-Bassin qui a gardé tout son caractère. Admirez le quai Sainte-Catherine dont les maisons serrées les unes contre les autres, toutes différentes et très étroites, construites dans des matériaux variés (pierre, brique, bois), constituent un ensemble très harmonieux. Le Vieux-Bassin fut transformé en bassin à flot sous Louis XIV (1638-1715) et devint un véritable port d'embarquement pour les navigateurs partant explorer le monde entier. Aux XVII^e et XVIII^e siècles, le port s'est développé grâce au commerce maritime avec le Canada, les Antilles et les côtes africaines. Aujourd'hui le port de pêche a conservé toute son activité et l'on peut toujours y observer une grande animation.

Continuez votre promenade par le quartier Sainte-Catherine, peut-être le plus caractéristique de Honfleur, dont l'église (XV^e-XVI^e siècles), bâtiment remarquable, fut maintes fois représentée par les plus grands artistes (Monet, Jongkind (1819-1891)) Pour éviter d'en fragiliser la structure, son exceptionnel clocher fut érigé à quelques mètres de distance. Aujourd'hui, annexe du musée Eugène Boudin, n'hésitez pas à y pénétrer pour admirer la structure en bois et quelques statues religieuses.

C'est en flânant que l'on peut vraiment comprendre ce qu'a été la découverte de tous ces lieux par les peintres du XIX^e siècle qui, grâce au développement du chemin de fer et à l'invention de la peinture en tube et du chevalet pliant, ont pu se déplacer et peindre en plein air à la recherche d'effets de lumière. Ils ont pu ainsi reproduire l'impression laissée par un paysage ou encore une scène de vie quotidienne. Dès 1820, Honfleur est devenue un lieu de rencontre, d'échanges et d'amitiés entre artistes. Tout d'abord entre les artistes romantiques anglais (Bonington (1802-1828), Turner (1775-1851)) et les français Paul Huet (1803-1869) et Eugène Isabey (1803-1898) et ensuite les paysagistes de l'école de Barbizon (Corot (1796-1875), Troyon (1810-1865) et Daubigny (1817-1878)).

Puis, dans la deuxième moitié du XIX^e siècle, Eugène Boudin (1824-1891) et son ami Alexandre Dubourg (1821-1891), tous deux natifs de Honfleur, se sont réunis pendant près de 15 ans, avec tous leurs amis artistes, dont Courbet (1819-1877), Jongkind, Bazille (1841-1870) et Monet, à la «Ferme Saint Siméon», modeste auberge dans laquelle régnaient une grande convivialité et une franche camaraderie. Ils y ont peint côte à côte des marines, des paysages, des rues du port, des ciels… en se prodiguant des conseils, ce qui fit dire à Monet que Boudin et Jongkind tous deux bien plus âgés que lui, étaient ses maîtres.

Si vous voulez également voir la fameuse modeste auberge «Saint Siméon» située à quelques pas du centre-ville, sachez qu'elle est devenue un magnifique et luxueux hôtel !