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La peinture d'histoire et ses variantes (peinture mythologique et évocation religieuse), dont la mort était annoncée par les critiques depuis les années 1870, survécut cependant sous de multiples formes et bénéficia de l'intérêt suscité par le symbolisme dans les années 1890. Moreau, qui figurait parmi les précurseurs de ce mouvement, avait réuni une importante documentation iconographique, qui lui permit de couvrir ses tableaux de références empruntées à l'Antiquité, à l'Orient tout autant qu'à la faune et à la flore, y compris à celle des abysses, comme dans la Galatée dont une partie du décor qui enchâsse la divinité installée au centre est empruntée à un reportage de la revue le Magasin pittoresque. Odilon Redon, lui, participera pleinement au mouvement symboliste, tant par les recueils de gravures qui le font d'abord connaître que par ses peintures. Il joue, au contraire, sur la simplicité d'une composition centrée, dépourvue de tout élément anecdotique, à peine animée par la position inclinée de la tête de face, et sur sur un dépouillement extrême du trait comme de la couleur. Par ces procédés allusifs, il monopolise l'attention du spectateur et lui fait immédiatement saisir qu'il existe un « au-delà » de l'image, et que derrière ces yeux fermés, tout un monde est enclos, en l'occurrence, probablement mythologique ou religieux. |
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