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L'atelier, ce lieu alchimique où prennent naissance les chefs-d'œuvre, a toujours passionné les peintres. Si, à la fin du Moyen-Age et au début de la Renaissance, les artistes se sont situés en spectateurs et ont imaginé le lieu où saint Luc peignait le portrait de la Vierge Marie, ils ont progressivement substitué à cette représentation religieuse, mais aussi allégorique de leur fonction sociale, une illustration réaliste où ils se sont mis en scène. La création, sous le règne de Louis XIV, d'un établissement central destiné à la formation des artistes, et les obligations liées aux études, ont entraîné un développement considérable de ce type d'oeuvres à partir du dix-huitième siècle. Le temps passant, la formule académique et quelque peu stéréotypée qui était encore souvent assimilée au portrait d'apparat, laissa la place à une représentation plus intime, comme cette évocation de Frédéric Bazille en tenue d'intérieur et uniquement préoccupé de son tableau, tel que l'a peint Renoir. Chez Corot, la volonté est différente, et ce n'est plus l'artiste mais l'Art, ou les Arts, que symbolise l'atelier. En effet, les instruments du peintre, le tableau sur le chevalet ou les esquisses sur les étagères sont là pour évoquer la peinture, la jeune femme pensive se révèle musicienne, et la littérature ou la poésie ne sont pas loin qui semblent planer sur ce lieu de recueillement. |
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