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Château de Maisonsマダムの連載の一部(10館)は書籍でもお楽しみいただけます。back Number
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En 1818, le domaine est acheté par le banquier Jacques Laffitte (1767-1844), très influent ministre des finances du roi Louis-Philippe (1773-1850). Criblé de dettes, le banquier divise le parc qu’il fait lotir. Malheureusement les superbes grandes écuries sont également détruites. En 1850, sa fille revend le domaine. En 1882, le château prend le nom de Maisons-Laffitte. Suit une succession de propriétaires jusqu’à ce que l’Etat le rachète en 1905 pour éviter sa destruction. En 1912, il est ouvert au public puis classé monument historique en 1914.

L’architecture du château est un modèle de l’art classique français par son harmonie, sa parfaite symétrie et l’orchestration de ses volumes. Ses élégantes toitures sont couvertes d’ardoises et garnies de hautes cheminées. Le monument se caractérise par l’unité harmonieuse de son corps de bâtiment composé d’un logis central entouré de deux grands pavillons. Côté cour, ceux-ci sont précédés de deux pavillons bas couverts en terrasse. Le corps principal s’élève sur deux étages et comprend un grand avant-corps à double ressaut lequel possède un étage supplémentaire. Cet avant-corps correspond à l’entrée principale du château. Sur le frontispice, remarquez deux médaillons représentant René de Longueil et son épouse défunte.

Les deux façades au décor sobre et élégants sont ornées d’une superposition de pilastres et de colonnes selon les trois ordres antiques : dorique au rez-de-chaussée, ionique au premier étage et corinthien à l’étage supérieur. La façade côté jardin, plus simple, s’ouvre avec une large terrasse sur un grand parterre qui a perdu de son faste. Les deux grands pavillons latéraux ne se détachent que légèrement et les deux minces portiques remplacent les petits pavillons à terrasse, ce qui est plus léger. Sur son fronton, on y voit inscrit ≪1646≫, date qui correspond sans doute à l’achèvement du décor.

L’intérieur partiellement transformé au XVIIIe siècle par le comte d’Artois abrite quatre appartements. Actuellement le visiteur entre par la salle des estampes qui mène à l’antichambre de l’appartement du maître des lieux, René de Longueil. Aux murs de celle-ci, les tableaux représentent les différents propriétaires du château. En son centre, on y trouve, un billard exceptionnel par l’ébéniste Cosson (1737-1812) acheté par Louis-Philippe pour le palais des Tuileries.
A gauche, on accède à la chambre d’apparat appelée ≪chambre des captifs≫ à cause du décor de sa cheminée conçu par le sculpteur Gilles Guérin (1611-1678) sur les dessins de Jacques Sarazin (1592-1660) en hommage à Louis XIII, vainqueur de la guerre de Trente-ans. Le monarque est représenté en médaillon dans la partie supérieure de la cheminée soutenu par deux prisonniers agenouillés, l’un nu, l’autre en armure romaine symbolisant les provinces gagnées par le roi. Au milieu, le bas-relief montre Louis XIII triomphant sur un char, tel un empereur romain. Admirez les peintures dont le Grand paysage avec cascade, 1779 par Hubert Robert (1733-1818) et l’Eruption du Vésuve, 1774 par le chevalier Volaire (1729-1799) qui restitue parfaitement la coulée de lave aux couleurs incandescentes.

En revenant sur vos pas, vous accédez au superbe vestibule d’honneur qui correspondait à l’entrée principale traversante. A l’origine, elle était ouverte au vent et uniquement fermée des deux côtés par deux grandes grilles. Ce vestibule permet l’accès aux appartements de René de Longueil au rez-de-chaussée et à celui du roi au premier étage. Son décor est somptueux : l’entablement s’inspire de celui de Michel-Ange au palais Farnèse à Rome et les huit colonnes doriques sont copiées sur celles de Philibert Delorme (1514-1590) pour le palais des Tuileries. Sur les colonnes, on trouve les emblèmes de René de Longueil et de son épouse : l’épi de blé, le lierre et le laurier. Les quatre bas-reliefs au-dessus des portes sculptés par Gilles Guérin représentent les quatre éléments : face à l’entrée vers la Seine, Neptune (l’eau) et Jupiter (le feu) et côté cour, Cybèle (la terre) et Junon (l’air). Aux angles, les quatre aigles rappellent le nom de famille ≪Longueil≫ à cause de l’acuité visuelle de ces rapaces réputés pour leur ≪long œil≫.

L’escalier d’honneur véritable prouesse architecturale est une des pièces maîtresses du château. Surmonté d’une coupole, il ne comporte pas de pilier central, ce qui est exceptionnel mais comprend quatre volées de marches séparées par des paliers. Remarquez l’absence de décor au rez-de-chaussée alors qu’au premier étage la cage d’escalier est ornée de pilastres ioniques. Des groupes d’enfants ou putti par Philippe de Buyster (1595-1688) symbolisent la musique et le chant, les sciences et les arts plastiques, la paix et la guerre, l’amour et l’hymen.

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