
▲Pascal Grasso, architecte - Pierre-Antoine Gatier, architcete ACMH associé - Image: Alessandro Brotto

▲Institut Giacometti, Exposition Genet - Giacometti, Photo Xavier Bejot
©Succession Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP) Paris 2018
Un escalier mène à une mezzanine qui contient une bibliothèque avec des ouvrages sur l’artiste et sur son époque. Sur la gauche, a été conservé un charmant petit salon au décor de bois typiquement Art déco intégrant des étagères, deux banquettes entourant une cheminée et deux portes avec leur vitrail. De côté, Homme traversant une place, bronze de 1950, donne une impression d’énergie.
Suivent plusieurs salons dont la décoration Art déco a été restaurée tout en respectant le principe de réversibilité c’est-à-dire la possibilité de revenir à l’état d’origine. A cet effet les cimaises sont détachées des murs.

©Succession Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP) Paris 2018

©Succession Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP) Paris 2018
Dans le premier salon sont exposées des sculptures ayant pour modèles des prostituées que l’artiste avait rencontrées dans les bordels qu’il fréquentait assidûment. A la fois attirantes et effrayantes, il les transforme en déesses comme dans Quatre figurines sur un piédestal, 1950, dont la base est très haute et dans Quatre femmes sur un socle, 1950, avec une assise rectangulaire. Ainsi lointaines et isolées du sol, elles se trouvent dans un espace virtuel qui, étrangement, impose au visiteur de se tenir à distance. Dans la première version de La cage, 1949-1950, il montre une chambre comprenant un homme et une femme ouvrant les rideaux sur un monde de volupté.

Le salon suivant s’ouvre sur la rue. Il est dédié au Portrait de Jean Genêt, peint entre 1954 et 1955, représenté assis de face dans une attitude solennelle, les jambes écartées, les mains posées sur les cuisses comme un scribe égyptien. Ce qui frappe ici comme dans les portraits d’Annette ou de Diego, c’est l’absence de décor, le caractère sombre et monochrome de sa palette.

©Succession Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP) Paris 2018
- En revenant sur vos pas un dernier salon au décor floral d’origine, vert et jaune, évoque le rapport de Giacometti avec la mort. L’aspect fragile et rugueux de ses œuvres renvoie à la désintégration de l’être humain. En échappant au présent, elles deviennent éternelles. Une série de figurines illustrent son travail : Femme debout, 1954, Annette, 1961, Figurine, 1961.
Un fragment du mur de l’atelier fissuré et couvert de graffitis témoigne de l’aspect modeste de l’atelier et du caractère simple et bohème de l’artiste. Avec son costume et ses chaussures couverts de poussière, il ressemble à ses modèles comme dans le tableau Buste d’homme, 1949, portrait torturé et anxieux à dominante de gris.

©Succession Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP) Paris 2018
La réussite de l’Institut Giacometti est de faire entrer le visiteur dans le monde intérieur de Giacometti en favorisant une réelle proximité avec les œuvres. Toute l’histoire de sa vie et de son œuvre avec ses doutes est présente dans l’atelier de ce très grand artiste dont la création artistique est admirée et reconnue mondialement par son côté original, souvent dérangeant et mystérieux. En outre l’atelier est le témoignage de son travail obstiné sur la figure humaine contre les dogmes de l’après-guerre où règnent l’abstraction et l’art minimal.
L’Institut Giacometti est à la fois un espace d’exposition, un lieu de référence sur l’œuvre de l’artiste et un centre de recherche en histoire de l’art pour la période 1900-1970.
Amicalement,
