Située au fond d'une impasse, cette maison de caractère, ancienne maison du gouverneur qui faisait partie du château de la Bonde (XIIIe siècle remanié aux XVe et XVIe siècles), présente une façade flanquée de deux tourelles. La propriété achetée par Cocteau comprend, en fait, des jardins, un bois, les ruines romantiques d'une tour couverte de feuillages et entourée de douves. Un petit pavillon, aujourd'hui, entièrement restauré et aménagé en jolie boutiqueen permet l'accès.

Nous rejoignons, par une petite cour, la maison. L'entrée se fait par la cuisine dont on a gardé le volume et le carrelage rouge et jaune. Sur le mur de droite, la biographie du poète révèle combien sa vie fut intense. Un célèbre extrait du film, Le Sang d'un poète : La traversée du miroir, rappelle le cinéaste et ses recherches sur son vrai visage. Il en est de même pour les quelques autoportraits projetés de la série du Mystère de Jean l'Oiseleur (1923).

La petite pièce adjacente montre de nombreux exemplesde la virtuosité de l'artiste. Ainsi dans la vitrine, on remarque qu'il dessine d'un trait extrêmement rapide. Les idées semblent lui arriver au fil de l'écriture comme dans le dessin Autoportrait au milieu d'un brouillon de discours (v. 1915-1920). Son visage est entouré d'une écriture violette et fine dont les phrases montent ou descendent. Sur un mur, a été réalisé un montage de dessins du Potomak (1913-1914), espèce de monstre aquatique. Puis, un petit vestibule présente des photographies de Jean Cocteau à Milly entouré de ses amis. Une grande et belle photo montre le maître des lieux et son compagnon. Découvrez aussi les dessins préparatoires à la décoration de la chapelle Saint-Blaise-des-Simples représentant des fleurs (gentiane, renoncule…).

Reconstitué à l'identique, le salon a gardé son atmosphère chaleureuse. Ouverte sur le jardin, cette agréable pièce a été entièrement décorée par Cocteau qui aimait beaucoup chiner. Aussi y trouve-t-on quantité d'objets très variés dont de nombreux animaux : un héron (XXe siècle) en métal et cuivre près d'une fenêtre, deux admirables biches entourant la cheminée, des cornes de zébus, une tête de bélier naturalisé (XIXe siècle) sur une petite table… Remarquez un grand tableau de Christian Bérard (1902-1949), Œdipe et le Sphinx jouant aux cartes (1932), au-dessus du canapé entouré de deux beaux palmiers en laiton et cuivre. Selon le souhait du poète, le tissu des murs a été posé à l'envers. Les rideaux de couleur rouge et l'imposant tapis à grands motifs de couleur or donnent de la gaité à l'ensemble.

À l'étage, le bureau et la chambre adjacente ont également gardé leur décor à la fois recherché et chargé. En effet dans le bureau relativement petit, on trouve un grand nombre d'objets et de meubles. Sur la cheminée, sont posés des poteries, un buste, un demi-relief en bronze. Une petite table est couverte de livres et de bibelots dont le buste de Byron, des pipes à opium et des tubes de peinture. Au tableau noir sont accrochées de nombreuses photographies dont une de son ami Radiguet. Mais l'objet le plus original est un petit fauteuil bas, au dossier et aux pieds en cornes de zébus. Le tissu à motif léopard se retrouve aussi bien sur les murs que sur l'abat-jour et le canapé.

Dans la chambre, le magnifique lit à baldaquin aux montants capitonnés de tissu rose prend une place importante. Sur la cheminée, un buste de jeune homme a appartenu à son grand-père maternel. La fresque du mur a sans doute été peinte par Jean Marais.